Nouvelles de nos abeilles et de leur environnement (23/10/2021)

Rappel: dénombrement des ruches – dernière limite

Il y a quelques semaines, Thierry, notre secrétaire-trésorier, nous a envoyé à tous un e-mail pour nous demander de répondre à l’enquête européenne concernant le dénombrement des ruches.

Il est important que nous y répondions tous: en effet, les subsides européens à l’apiculture sont répartis entre les pays et régions en fonction de ce recensement: pas de ruches recensées, pas de subsides. Alors si vous le l’avez pas encore fait, pensez-y ce weekend, SVP; dernier délai: ce dimanche 24/10

(Et un grand merci à Thierry qui prend pour nous la plus grosse part de la tâche administrative: l’encodage de toutes nos données !)

La Silphie perfoliée: une nouvelle culture BNI mellifère

Les cultures BNI

Les cultures dites ‘BNI’ sont des productions agricoles à « Bas Niveau d’Intrants », ou « Bas Niveau d’Impact », en particulier sur l’eau; elles ne nécessitent que peu ou pas d’intrants (eau, fertilisants ou traitements phytosanitaires).

Les cultures BNI exercent une faible pression environnementale. Du fait de leur recours aux intrants réduits, de leurs besoins en eau limités et de leur capacité à améliorer la structure, la vitalité et la capacité d’infiltration des sols, elles sont compatibles avec la politique de protection de l’eau et des milieux aquatiques.

Les produits des cultures BNI peuvent être valorisés de différentes manières: fourrage ou litière pour les animaux, biométhanisation. C’est pourquoi, elles forment aujourd’hui une diversification appréciable pour les agriculteurs.

Silphie, une nouvelle venue en Europe

Silphium perfoliatum (silphie perfoliée ou silphe perfolié) est une plante originaire d’Amérique du Nord de la famille des Asteraceae, proche du topinambour et du tournesol. C’est une plante vivace, pérenne, d’une durée de vie d’une quinzaine d’années (pouvant parfois aller jusqu’à 50 ans!). Sa culture se répand actuellement en Europe, particulièrement en Allemagne.

Son habitat est les prairies humides, les bois clairs, les berges, les fossés ; elle se plaît dans presque tous les sols glaiseux, sablonneux ou limoneux. Elle peut supporter une immersion jusqu’à 2 mois et demi, mais elle tolère cependant bien quelques semaines de sécheresse.  Elle apprécie une exposition ensoleillée. Elle résiste au gel jusqu’à -40°C.

La première année, la croissance de la silphie est limitée: elle n’atteint qu’une trentaine de cm de hauteur. Mais à partir de la 2ème année, elle peut atteindre une hauteur de 3m, 3m50. Au bout de quelques années, elle peut avoir jusqu’à 80 tiges par pied si elle dispose de l’espace suffisant.

Sa floraison dure environ 8 semaines; elle est étalée de mi-juillet à fin septembre et est intéressante pour les pollinisateurs. La germination de ses graines étant assez délicate, la silphie n’a pas un caractère invasif. Les graines de silphie, assez semblables à celles du tournesol, sont consommées par les oiseaux.

Le grand nombre de tiges par hectare, sa biomasse racinaire abondante en font une plante antiérosive idéale. Enfin, la silphie est une plante qui valorise les nitrates tout au long de l’année. Après la récolte (mi-août à mi-septembre), la plante repart et traverse l’hiver en feuilles.

Un autre de ses avantages est d’être peu sensible aux dégâts de gibier, contrairement au maïs également utilisé en biométhanisation, et grâce à sa texture urticante et piquante.

Culture & valorisation de la Silphie

La silphie est surtout utilisée en biométhanisation. C’est aussi une plante riche en protéines, elle a donc aussi un intérêt pour les éleveurs qui recherchent l’autonomie protéique et leur indépendance par rapport aux tourteaux de soja importés. Des tests d’alimentation animale sont en cours de réalisation.

La Silphie est cultivée depuis plus de 20 ans en Allemagne où elle connait un développement exponentiel ; elle y a été introduite suite à l’avènement de la Loi sur les Energies Renouvelables qui prévoyait de limiter l’approvisionnement en maïs énergétique des méthaniseurs. Son exploitation a commencé en France en 2020 et elle fait actuellement l’objet d’études agronomiques en Belgique.

En champs, le semis se fait en lignes espacées de 75cm.  Pour compenser la perte de rendement et couvrir correctement le sol durant la première année, la méthode qui semble la plus appliquée est un semis simultané de maïs: inter-rang à 37,5cm. Dès l’année suivante, le système racinaire de la silphie est assez vigoureux pour occuper tout le terrain et produire une quantité de biomasse valorisable.

Les rendements oscillent entre 15 et 20 Tonnes de Matières Sèches à l’Hectare (tMS/ha) pour des récoltes entre mi-août et mi-septembre (mais le plus tard possible si on veut profiter de sa production de nectar pour les butineuses !). La récolte se fait à l’aide d’une ensileuse avec un bec à maïs.

Dans les meilleurs essais menés en Allemagne, 1,2 hectares de Silphie ensilés permettent de produire autant de biométhane qu’un hectare de maïs ensilés. Mais semée ou plantée pour une quinzaine d’années et n’exigeant qu’un apport de digestat par an, aucun désherbage à partir de la 2ème année et aucun traitement phytosanitaire, son coût d’exploitation moyen à la tMS/ha sur tout son cycle de vie est inférieur à celui du maïs, donc sa rentabilité est meilleure.

La silphie, les abeilles et les apiculteurs

La silphie fleurit abondamment, de juillet à fin septembre (à condition qu’on ne la récolte pas auparavant, bien sûr); elle produit pollen et nectar: on estime qu’elle a un potentiel de 150 KG de miel par HA (soit un potentiel comparable à celui de la  bourrache, du pissenlit, du colza, de la moutarde des champs, etc).

Evidemment, comme nous faisons normalement notre récolte d’été à la fin du mois de juillet, cette provende servira principalement à stimuler la ponte de fin d’été et de début d’automne, si importante pour un bon hivernage des colonies, et, si elle est vraiment abondante, à compléter les provisions d’hiver.

L’apiculteur pourra également semer ou planter la silphie dans son jardin: c’est une vivace très décorative.

Les semences exigent une période d’hivernage pour germer: on sèmera donc en automne, en laissant les graines à l’extérieur jusqu’au printemps. Alternativement, on pourra semer les graines au printemps après les avoir laissées au frigo durant au moins 60 jours.

On trouve également des plantes de silphies en pots sur le net. Les silphies ont une racine pivotante et ne peuvent pas être conservées en pots bien longtemps: il est impératif de les replanter assez rapidement en pleine terre, à leur place définitive.

Photo Asapistra (Association Apicole de Strasbourg)

Références – Pour en savoir +:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Silphium_perfoliatum

Protect’eau, une ASBL Wallonne qui offre un service complet de conseils techniques et de sensibilisation pour préserver la qualité de l’eau – Extrait du Mag N°8, 07/21: Cultures BNI – Protect’eau (PDF)

ValbioMag: le magasine de la Biomasse en Wallonie: https://valbiomag.labiomasseenwallonie.be/news/analyse-cultures-dediees-quelles-alternatives-au-mais-pour-la-biomethanisation-partie-2

Silphie France, fournisseur exclusif en France des semences de Silphie ABICA Perfo: https://www.silphie-france.fr/
Leur « boite à semer » pour particuliers & collectivités

Chambre d’Agriculture d’Alsace: plaquette Silphie Perfoliée (PDF)

Kokopelli: un marchand de graines en petits conditionnements

Matelma: un marchands de plantes en pots

https://lesillon.fr/la-silphie-produit-autant-de-biomasse-que-le-mais/

Impact des cultures intermédiaires automnales sur le développement des colonies d’abeilles mellifères: https://www.srawe.be/?p=3107;
une étude de la Recherche Agronomique Suisse (2016): http://www.agrarforschungschweiz.ch/archiv_11fr.php?id_artikel=2157

Note d’Oncle Max – 23-10-2021

Nos abeilles profitent encore des quelques périodes de temps ensoleillé et doux pour essayer de rentrer un peu de pollen et de nectar qui reste à prendre dans un rayon pas trop éloigné de leur ruche.
Certains d’entre vous ont remarqué la « longue » floraison des lierres : je dis longue car il y a eu un long échelonnement des floraisons, ce qui est tout bénéfice pour les abeilles.
Certains apiculteurs ne voient pas ce nectar d’un très bon œil car, dans le passé, ils ont expérimenté des problèmes de digestibilité de ce miel par les abeilles, en hiver. Pour ma part, je n’ai pas encore expérimenté cela. Un apiculteur averti en vaut deux.
Les températures pour la prochaine quinzaine seront, en principe, conformes aux normales saisonnières, ce qui ralentira fort l’activité des colonies et, espérons-le, la consommation de leurs réserves. Néanmoins mercredi et jeudi prochain, avec 15°C à 16°C en journée, les butineuses seront tentées de repartir à la recherche de provisions.
Bref, tout ce que nous pouvons faire, c’est de les observer et veiller encore à ce que les frelons asiatiques ne viennent pas les perturber avant leur hivernage effectif.

A propos Michel Fraiteur

Apiculteur amateur depuis 1977. Président de la SRAWE
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