Note d’Oncle Max – 21/06/2025 – SOLSTICE d’ÉTÉ
C’est le jour le plus long de cette année 2025 aussi bien pour nous que pour nos butineuses qui sont focalisées sur les tilleuls et très bientôt sur les châtaigniers, dont on a déjà observé l’épanouissement des fleurs sur ceux qui étaient les mieux exposés. J’en ai vues (et entendues) dans les bourdaines et les rosiers lianes (Kiftgates) également. En observant nos lavandes, j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup d’abeilles sauvages diverses et différents bourdons, et même un sphynx-colibri (Moro-Sphynx), mais peu d’abeilles domestiques (vraisemblablement occupées ailleurs). Michel vient de me signaler que les fleurs mâles de châtaigniers chez lui commencent déjà de tomber. Comme quoi, les changements climatiques impactent la nature.
Nous passons de la période d’Expansion à la période de Régression de la nature et en particulier du développement de nos colonies.(cfr ‘Être performant en apiculture’ d’H. Guerriat, pg 45). Toute intervention à partir du solstice d’été doit être envisagée avec précaution.
Durant ces quelques jours (trop) chauds les colonies devront gérer la ventilation de la ruche et en particulier du couvain. Vous en verrez un certain nombre sur la paroi avant des ruches pour se rafraîchir avant la nuit.
Toits et isolants : Il n’est pas inutile de mettre un isolant au-dessus du couvre-cadres sous le toit, en particulier avec les toits en plastic Nicot ou les toits en métal galvanisé qui reposent directement sur le couvre-cadres. Même s’ils coûtent un peu plus chers les toits en bois recouverts de métal galvanisé d’une hauteur de 8 à 10 cm avec des trous d’aération sur les côtés sont très utiles pour contrôler la chaleur mais aussi pour placer un nourrisseur de 2 litres. Par contre je ne suis pas très convaincu des couvre-cadres-nourrisseurs Nicot comme zone isolante; et ce d’autant plus qu’on a tendance à donner alors trop de sirop de nourrissement en une fois en risquant un blocage de ponte.
Eau : quitte à vous ennuyer, je rappelle encore l’importance d’un point d’eau pour les abeilles. Celles-ci utilisent l’eau pour rafraîchir le couvain en cas de fortes chaleurs.
Dans un article récent d’un de nos quotidiens, l’hydrologue française, Emma Haziza, explique qu’avec les changements climatiques, d’une part on bascule beaucoup plus rapidement d’une période d’averses et d’inondations à une période de sécheresse et de canicule et, d’autre part, avec des températures très élevées pour la saison et un vent soutenu, il y a « l’effet «sèche-cheveux» sur la végétation qui va avoir tendance à aller puiser l’eau là où elle peut ». Pour pouvoir résister à la sécheresse et sans réserves hydriques, les plantes vont commencer à fermer l’approvisionnement en sève des nectaires ou des fruits, ensuite celui des feuilles. Donc, ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup de floraisons qu’il y aura nécessairement beaucoup de nectar dans les fleurs.
Les arbres et arbustes (pas tous), avec leurs racines plus profondes, pourront mieux résister si le sous-sol est pourvu en réserves hydriques. D’où l’intérêt également de certaines plantes telles que la luzerne ou la silphie qui ont des racines relativement profondes pour leur taille.
La qualité des sols (et sous-sols) est important pour l’infiltration des eaux pluviales, d’une part, et pour la rétention de l’eau, d’autre part. Cela aura un impact sur les longues périodes de sécheresse.
Récolte d’été : le moment opportun varie très fort d’un environnement à un autre. Pour ma part, je vais essayer de planifier cette récolte dans les 15 prochains jours si possible, c’est-à-dire quand les abeilles auront operculé au ¾ les cadres de hausse. Evidemment, une colonie n’est pas l’autre et il peut y avoir un différentiel relativement important entre deux colonies.
J’aurais aimé leur laisser le miel de châtaigniers afin qu’ils aient assez de réserves pour le grand trou de miellée associé vraisemblablement avec une période de sécheresse durant laquelle les « petites » floraisons ne porteront pas ou très peu de nectar, mais ceux-ci fleurissent déjà avant la fin des tilleuls. Ces 2 prochains mois (juillet et août) risquent d’être compliqués pour les abeilles.
A vous de voir quelle politique de récolte suivre pour ne pas stresser vos abeilles au risque de les affaiblir avant l’hivernage. Vous connaissez ma stratégie d’hiverner avec une hausse, mais sur 8 cadres (corps et hausse) car cela me permet de leur laisser au moins 6 ou 8 cadres de nourriture pour ces mois de disette. Vous pouvez opter de tout récolter mi-juillet et ensuite les aider régulièrement en les nourrissant avec du sirop (je doute qu’elles aient assez de place pour stocker du sirop dans le corps en cette période), mais cela fera alors 8 ou 9 mois (jusque mi-mars) qu’elles subsisteront alors uniquement avec du sirop. A bien réfléchir aux conséquences.
Revue n° 126 du Cercle Royal Apicole de Nivelles
Au sommaire (notamment):
- Le petit mot du rédacteur
- La vie du Cercle
- Quelques infos glanées ça et là
- Frelons asiatiques à pattes jaunes: procédure de déclaration de son rucher
- Agenda chez nos collègues apiculteurs
A lire sur: Revue N° 126 JUIN 2025