Nouvelles de nos abeilles et de leur environnement (19/12/2020)

Meilleurs vœux pour ces fêtes et une excellente année 2021 !

Tout le comité de la SRAWE vous présente ses meilleurs vœux pour d’heureuses fêtes de fin d’année et une excellent année apicole 2021.


En cette année toute particulière, ce ne seront naturellement pas les grandes festivités habituelles; nous vous souhaitons cependant de partager avec vos plus proches la chaleur humaine et l’affection dont nous avons tous tellement besoin, et ce sans prendre de risque inutile.

L’imagination et la simplicité des relations seront nos meilleurs guides pour ce Noël un peu spécial.

Il y a un an, nous vous annoncions l’arrivée imminente du frelon asiatique dans notre Brabant Wallon. Il est bien arrivé, quelques uns de nos membres et collègues en ont été affectés, notamment à Wavre, Hèze, Gottechain, Doiceau, Chaumont, Beauvechain, mais heureusement encore de manière limitée. Il est à craindre que 2021 soit chez nous l’année de son expansion. Nous ferons un gros effort de recherche de documentation et d’information pour apprendre à lutter contre cet envahisseur.

Hélas, nous n’avons pas encore pu préparer notre calendrier d’activités 2021: la pandémie nous empêche toute projection sur les possibilités de réunions ou de conférences. Espérons que l’arrivée attendue d’un vaccin, puis celle du beau temps, parviennent à freiner sa propagation et nous permettent de reprendre une vie normale.

Rappel: n’oubliez pas de payer votre cotisation 2021 !

Vous aurez normalement reçu un appel de Thierry notre nouveau secrétaire. Pour faciliter la tâche de tous ceux qui gèrent l’administration de notre société, de la fédération et de l’union des fédérations, n’oubliez pas de payer le plus rapidement possible, SVP. Si vous êtes un nouveau membre, pensez également à nous transmettre vos coordonnées. Merci d’avance

Voir notre page: Devenir membre

Néonicotinoïdes [1]: la Belgique autorise à nouveau l’imidaclopride en dérogation à l’interdiction de l’Europe

Ces dernières semaines, le SPF Santé Publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement, Service Produits phytopharmaceutiques et Engrais, a autorisé à nouveau  l’usage de l’imidaclopride, un insecticide néonicotinoïde, pour l’enrobage des semences de betteraves sucrières (culture en plein champ), et ce jusqu’au 01/06/2022, c.à.d. pour encore 2 saisons de culture complètes: La mise sur le marché et le stockage par des tiers sont encore autorisés jusqu’au 01/06/2021. L’utilisation est possible jusqu’au 01/06/2022.

Paradoxe: c’est pour la protection de l’abeille que le SPF autorise le GAUCHO car il s’en veut le défenseur !!  Notre pays soutient toujours et sans aucune retenue les mesures qui doivent protéger l’environnement (en particulier les abeilles) contre l’impact des produits phytopharmaceutiques. […]  Si les producteurs de betteraves ne peuvent pas utiliser de semences traitées avec des néonicotinoïdes, ils devront effectuer des traitements foliaires avec d’autres insecticides. On peut se demander si les insecticides autorisés à cette fin […] ne s’avéreront pas […] plus nocifs pour les abeilles que les traitements de semences avec des néonicotinoïdes. Il ne semble pas improbable que ce soit le cas. D’où notre crainte que les restrictions adoptées par la Commission puissent, dans certains cas, avoir un impact négatif sur les populations d’abeilles.

Le SPF juge aussi l’usage des semences enrobées suffisamment sécurisé: La betterave est une plante qui ne fleurit pas pendant le cycle de culture et qui ne pose pas de problème en ce qui concerne la guttation (formation par la plante de gouttelettes qui peuvent être absorbées par les abeilles); pas non plus de dégagement de poussières grâce aux semences enrobées par une couche ‘pelliculée’. Conclusion: la culture elle-même n’est pas une source d’exposition pour les abeilles. Le principal problème se situe au niveau de la rotation des cultures. […] Sous réserve de certaines conditions de rotation des cultures, il serait possible d’exclure un risque inacceptable.

Les conditions de l’autorisation prévoient donc quelles cultures peuvent être effectuées dans les deux ans (Annexe 1), puis durant les 5 ans (Annexes 1+2) suivant une culture dont les semences ont été traitées avec GAUCHO 70 WS . Étonnant: on trouve parmi ces cultures des choux, des radis, du romarin et d’autres plantes dont la floraison est attractive pour les abeilles; bien sûr, on est sans doute censé les récolter avant la floraison !

Pourtant des études récentes ont permis de démontrer que l’imidaclopride est très persistant dans les sols et se diffuse à grande échelle dans l’environnement, pouvant ainsi se retrouver dans des cultures non traitées et des fleurs sauvages.

https://fytoweb.be/fr/produits-phytopharmaceutiques/usage/utilisateur-professionnel/neonicotinoides

Plusieurs associations de protection de l’environnement ont réagi à cette décision et repris une campagne de lutte.

Nature et Progrès Belgique dénonce à la fois la pertinence du diagnostic et l’opportunité du traitement. La jaunisse de la betterave, induite par les pucerons, ne serait qu’un des facteurs de baisse des rendements à côté notamment des aléas climatiques et des maladies cryptogamiques, et les pertes dues à cette maladie ne seraient pas si importantes qu’affirmé (seulement 7%). Des alternatives existent: il y a des champs de betteraves bio notamment en Allemagne (54% des cultures bio de betteraves en Europe), en Autriche et dans le Nord de la France. Bien entendu, les méthodes alternatives demandent un suivi plus précis des cultures.

https://www.natpro.be/la-belgique-reautorise-un-dangereux-neonicotinoide-malgre-linterdiction-europeenne/

Dans un article extrêmement bien documenté de RTL-INFO, Héloïse Vidal relate que les scientifiques ont prouvé que le bio était beaucoup moins touché par ces maladies que les exploitations conventionnelles; ils concluent que le bio est plus résistant aux maladies et pathogènes que les pesticides. La meilleure résistance en culture bio est liée à la fertilité du sol, à la présence de prédateurs naturels des pucerons (les coccinelles), ainsi qu’aux techniques de culture, notamment la période de semis, plus tardive qu’en culture conventionnelle. Le prix de vente très bas sur le marché conventionnel impose aux producteurs conventionnels de jouer la carte du rendement au maximum, ce qui impacte moins les producteurs bio.

https://www.rtl.be/info/magazine/science-nature/derogation-pour-utilisation-neonicotinoides-par-secteur-betterave-sucriere-malgre-les-effets-nefastes-1264293.aspx

Pour la troisième fois consécutive, Nature & Progrès Belgique et le Pesticide Action Network (PAN) Europe, vont introduire un recours devant le Conseil d’Etat (les deux premiers recours n’ayant pas encore fait l’objet d’un arrêt du Conseil d’Etat). Comme toutes ces actions ont un coût, ils sollicitent l’aide des citoyens et en particulier des apiculteurs belges: https://www.natpro.be/faire-un-don/

A suivre: Néonicotinoïdes [2]: sulfoxaflor et flupyradifurone plus toxiques pour les abeilles qu’attendu

Sauvons les abeilles et les agriculteurs!

L’alliance derrière l’Initiative Citoyenne Européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs! » est un réseau en pleine expansion qui regroupe actuellement plus de 140 ONG environnementales, organisations d’agriculteurs et d’apiculteurs, fondations caritatives et institutions scientifiques réparties dans toute l’Union européenne, travaillant ensemble pour concilier agriculture, santé et biodiversité. BeeLife est membre de cette alliance. Parmi les 7 citoyens co-signataires de l’ICE se trouve Noa Simon, bien connue de beaucoup d’entre nous

Les principales exigences de l’ICE:

1. L’élimination progressive de l’utilisation des pesticides de synthèse

D’ici 2030, l’utilisation de pesticides de synthèse sera progressivement réduite de 80% dans l’agriculture de l’UE. D’ici 2035, l’agriculture de l’ensemble de l’Union fonctionnera sans pesticides de synthèse.

2. Mesures vecteur de rétablissement de la biodiversité

Les habitats seront restaurés et les zones agricoles deviendront un vecteur de restauration de la biodiversité.

3. Soutien aux agriculteurs

Les agriculteurs doivent être soutenus dans la nécessaire transition vers l’agroécologie. Les exploitations agricoles familiales, diversifiées et durables seront favorisées, l’agriculture biologique développée et la recherche sur l’agriculture sans pesticides de synthèse ni OGM sera soutenue

La FAB-BBF (Fédération des Apiculteurs Belges) est membre de BeeLife et  finance en partie cette organisation; elle nous demande de soutenir cet appel à une agriculture respectueuse des abeilles au profit des agriculteurs, de la santé et de l’environnement: https://www.savebeesandfarmers.eu/fra/ (on peut également faire un don)

Note personnelle: néanmoins, comme on peut le voir dans le cas des néonicotinoïdes, ce n’est pas tant l’Europe qui freine la conversion que les différentes autorités nationales ou régionales, en particulier Belges …

 

 

 

A propos Michel Fraiteur

Apiculteur amateur depuis 1977. Président de la SRAWE
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