Nouvelles de nos abeilles et de leur environnement (04/11/2017)

Plus de 75% de déclin de la masse des insectes volants en 27 ans

Dans sa note du 21 octobre, Oncle Max faisait référence à une publication récente faisant état d’un déclin de plus de 75% de la masse des insectes volants; la presse y a aussi fait écho

L’importance de cette publication ainsi que la qualité de sa méthodologie méritent que nous nous y attardions: lire l’article

Note d’Oncle Max – 04/11/2017

Comme nos abeilles, les premiers frimas commencent à engourdir non seulement mes doigts mais aussi mon inspiration. De novembre à février les notes se feront donc plus rares.

Néanmoins, avec 12°C à 14°C le jour et quelques rayons de soleil, nos courageuses butineuses sortent encore à la recherche des derniers pollens. Les mésanges viennent récupérer les premiers cadavres sur les planches de vol et la grappe commence à se compacter durant ces nuits plus froides.

Personnellement, je n’ouvrirai plus mes ruches (sauf cas d’urgence) jusqu’au début du printemps. Cela vous indique que je ne ferai pas (comme d’habitude) de traitement à l’acide oxalique au mois de décembre. En effet, j’estime qu’avec une faible population de varroas dans mes ruches, il est plus néfaste d’ouvrir mes ruches en hiver et perturber les colonies avec de l’acide oxalique que de les laisser bien tranquilles avec un couvre-cadres bien hermétique et une bonne isolation. Moins on y touche, mieux elles se portent.
De toute manière, l’éradication du varroa est utopique.

Il est préférable que les colonies soient en bonne santé, bien dynamiques, avec de bonnes réserves (miel et sirop) et pas perturbées en hiver pour mieux résister à ce parasite et aux virus qu’il transmet. Jusqu’à ce jour, j’ai suivi cette conduite et je ne m’en plains pas.
Par contre, pour ceux qui ont de grosses infestations de varroas, ils doivent peut-être opter pour une autre stratégie. Je me suis d’ailleurs souvent posé la question : pourquoi certains ruchers/colonies sont fort infestés par les varroas et d’autres pas ? Est-ce lié à l’environnement ou l’implantation du rucher, aux lignées d’abeilles, à certains stress provoqués par la conduite elle-même (fréquentes visites/perturbations) ou un autre facteur ?

Observons-les le mieux possible et essayons de les comprendre pour mieux les aider à surmonter toutes ces contraintes environnementales et climatiques.

Controverse sur l’utilité des abeilles mellifères dans les cultures fruitières

Le 29 septembre dernier, le Sillon Belge a publié un article intitulé La difficile cohabitation entre arboriculture et apiculture, signé par Camille Thirion

Dans cet article, l’auteure remet en cause l’utilité des abeilles mellifères dans la fécondation des fruitiers et avance plusieurs critiques à leur encontre: trop de fruits, coût excessif, manutention,  risques liés aux traitements des cultures …

Elle propose une autre voie: maintenir des espaces fleuris à proximité des plantations pour y attirer les pollinisateurs sauvages, fécondation par le vent, variétés auto-pollinisatrices

André Mercier, conférencier apicole bien connu de nombreux d’entre nous, lui a répondu dans un autre article publié ce 27 octobre: Fruiticulteurs et apiculteurs ont intérêt à vivre en harmonie

André fait notamment remarquer que « l’auteur de cet article tente de noyer les dégâts éventuels consécutifs aux pulvérisations de pesticides sur les cultures fruitières, dégâts que l’on peut aisément quantifier à l’examen des populations d’abeilles et des résidus de pesticides dans les cires des ruches. Cela lui permet de traiter ses cultures fruitières à n’importe quel moment … »

C’est effectivement une tendance lourde que nous pouvons malheureusement constater de plus en plus souvent ces derniers temps. Si certaines de ces critiques sont parfois partiellement fondées (les méthodes de l’apiculture professionnelle sont souvent peu respectueuses de l’abeille et même nous, le apiculteurs amateurs, nous avons aussi à questionner certaines de nos pratiques pour les améliorer), nous devons nous inquiéter du « bee-bashing » qui se généralise.

Si on ne peut exclure que certains agissent en âme et conscience, je crois sincèrement, comme André, que cette convergence nouvelle est induite par des intérêts économiques et politiques, afin de détourner l’attention des véritables causes de la raréfaction de toutes les espèces de butineurs : pesticides, réduction de la biodiversité végétale, impasse du modèle agricole. Il est si facile de dire que la disparition des abeilles mellifères, que l’on peut facilement observer, est sans grande importance et que c’est surtout les abeilles sauvages qui sont vraiment importantes, alors qu’il est presqu’impossible d’observer leur disparition pour le commun des mortels !

A propos Michel Fraiteur

Apiculteur amateur depuis 1977. Président de la SRAWE
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