Nouvelles de nos abeilles et de leur environnement (02/04/2022)

Nourrir les abeilles naturellement: l’apiforesterie

Une information transmise par notre collègue apiculteur Guy de Halleux

En accélérant les cycles végétatifs, le réchauffement climatique réduit la période au cours de laquelle nos abeilles peuvent trouver leur provende. Les floraisons de nos arbres mellifères d’été, Acacias, Tilleuls et Châtaigniers, ont ainsi avancé de près d’un mois depuis les années cinquante et chaque degré supplémentaire fera avancer d’environ huit jours encore leurs floraisons. La période  »pauvre en fleurs », qui s’étire jusqu’à la floraison du lierre en septembre-octobre, s’allonge donc (le lierre continuera à fleurir à date quasi fixe, en lien avec le photopériodisme); elle était comblée classiquement par celles des ronces, bruyères et autres fleurs des champs et des fossés, mais ces floraisons sont aussi soumises à un net appauvrissement dû aux pratiques culturales et d’entretien excessif des parcs, jardins, bords de routes (voir notre Liste de plantes mellifères – par période de floraison )

Un enrichissement de notre flore estivale devient donc stratégique dans ce contexte; la plantation d’arbres à floraison tardive, provenant des régions tempérées d’Asie,  pourrait compléter notre flore usuelle.

Quatre groupes d’arbres, déjà cultivés en Europe depuis le 19ème siècle, semblent être de parfaits candidats:

    • Le savonnier : Koelreuteria paniculata; c’est un petit arbre de 8 à 10 m, adapté aux haies, petits jardins et recoins de pelouse. Sa floraison est très spectaculaire et explose après celle de nos châtaigniers et tilleuls, à la mi-juillet.
    • Le Sophora : Sophora japonica; c’est un arbre qui peut atteindre 20/25m, de
      la famille des fabacées ou légumineuses; sa floraison survient tard, en août-septembre
    • Les Tétradiums : T. daniellii, T. daniellii. hupehensis et T. daniellii velutina; T. daniellii (dont notre collègue apiculteur Ivan Son nous a déjà parlé dans un article du 1er novembre 2016 ( Le Tetradium de Daniel, ce grand oublié), devient un arbre de 10 à 15 m qui fleurit du mois de juin à la mi-août
    • Le Châtaignier de Seguin : Castanea seguinii; c’est un arbre d’une douzaine de mètres; il fleurit continuellement, de l’été jusqu’aux premiers froids.

Ces arbres sont disponibles relativement facilement dans plusieurs pépinières belges à l’exception de Castanea seguinii, disponible en France, mais en quantité limitée.

Quatre_arbres_chinois_pour_abeilles (PDF); Yves Darricau; extrait de la revue de la Société Centrale d’Apiculture https://www.la-sca.net/

https://revue-sesame-inrae.fr/nourrir-les-abeilles-demain-lapiforesterie-1/ ; par Yves Darricau

Bien sûr, la plantation d’arbres venus d’Asie n’est peut-être pas le choix parfait et des espèces locales seraient préférables: ces arbres mettront longtemps avant de fleurir, seront-ils encore adaptés à nos conditions climatiques en 2050? Ne risquent-ils pas de devenir envahissants comme le buddleia, la berce du Caucase ou la balsamine de l’Himalaya ? Des recherches sur nos plantes indigènes herbacées à floraison tardive devraient être entreprises pour tenter de combler ces trous de floraison. L’implantation d’arbres mellifères avec une floraison décalée peut néanmoins se comprendre, et ce d’autant plus qu’elle est économe en surface par rapport à la culture de plantes herbacées.

https://revue-sesame-inrae.fr/nourrir-les-abeilles-avec-des-especes-locales-cest-possible-2-2/ ; par Vincent Albouy

Note d’Oncle Max – 2/04/2022

Désenchantement et tristesse face à cette petite vague de quinze jours de temps froid et pluvieux qui ne permettra pas à nos butineuses de profiter un maximum des floraisons actuelles. Je pense en particulier aux saules cendrés, érables, amélanchiers, cerisiers et mérisiers, poiriers et pommiers hâtifs et autres arbustes mellifères s’épanouissant pour le moment. Le début des floraisons des glycines est aussi fortement menacé. Le gel nocturne de samedi à dimanche risque de brûler une partie des floraisons.

NB : début de semaine, j’ai été replacer les plateaux sous les planchers grillagés des colonies du RT ainsi que sous mes ruches de Gottechain plus exposées au vent d’Est et Nord-Est que celles de Doiceau.

Cette situation va vraisemblablement ralentir sensiblement le développement du couvain avec un ralentissement (sinon arrêt) de la ponte de la reine. Cela aura un impact certain pour la fin avril et début mai (21 jours plus tard quand naîtront les œufs pondus) où les colonies ne seront pas en pleine expansion pour les récoltes de nectar. Il faudra attendre juin pour optimiser les floraisons des tilleuls et ensuite des châtaigniers si le temps le permet. Pour les floraisons d’acacia fin mai ? tout dépendra de la météo.

Les ruches sur balances indiquent (1/04) une perte de poids de 500gr à 1,3 kg sur ces 3 derniers jours. Avec la neige de ce vendredi tombée sur les toits plats des ruches, les prochaines valeurs seront légèrement faussées pendant quelques jours.

Les températures diurnes de cette quinzaine ne dépasseront pas les 12°C, ce qui est nettement insuffisant pour une miellée. Il faudrait minimum de 15°C à 16°C (avec soleil et sans vent) mais idéalement 18°C à 20°C. Je doute fort que nous ayons une bonne récolte de printemps mais  tout peut changer rapidement avec ce temps instable en espérant d’avoir une belle récolte d’été.

A propos Michel Fraiteur

Apiculteur amateur depuis 1977. Président de la SRAWE
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