Le Tetradium de Daniel, ce grand oublié

Dans un environnement de plus en plus pauvre en terme de biodiversité, les apiculteurs et autres amoureux de la nature sont depuis de nombreuses années maintenant habitués à (re)planter des espèces végétales qui sont favorables aux insectes pollinisateurs. Que ce soient des herbacées, des buissons ou des arbres, toutes ces plantes fournissent à nos insectes pollen et nectar en diverses quantités. Il est important, quand on fait l’effort de semer ou planter de telles variétés végétales, de penser à l’étalement des floraisons dans la saison.

Dans les espèces d’arbres que nous pouvons planter pour nos abeilles, peu d’entre nous pensent au Tetradium de Daniel (Tetradium daniellii). Pourtant cet arbre est connu pour être très mellifère. Dans ses contrées d’origine (Chine et Corée) il porte le nom d’ « arbre à miel ». Lorsque il y a quelques années j’ai cherché à en acquérir, le seul pépiniériste qui en avait m’a immédiatement demandé si j’étais apiculteur. Cet arbre a été importé en occident au 19ème siècle et est très connu des apiculteurs allemands, hongrois et également de l’autre côté de l’Atlantique aux U.S.A. et au Canada. Comment se fait-il qu’en Belgique et en France il soit à ce point ignoré ?

Le Tetradium est un arbre très rustique, qui supporte des températures descendant à -25°C. Il peut atteindre une taille de 20 mètres, pour une couronne faisant environ 5 mètres de diamètre. Il vit entre 15 et 40 ans. L’intérêt de sa floraison est qu’elle produit beaucoup de nectar et ce pendant une durée assez longue dans la saison. Il est dans une moindre mesure source de pollen. Le Tetradium peut fleurir de la fin du printemps jusqu’à la mi-août. Durant toute sa floraison, l’arbre n’est qu’on doux vrombissement des milliers d’abeilles qui le visitent. Contrairement au robinier (faux acacia), il ne présente pas d’alternance au niveau de sa floraison.

Tetradium Daniellii de 7 ans - il fleurit depuis 3 ans

Tetradium Daniellii de 7 ans – il fleurit depuis 3 ans

Le feuillage du Tetradium est caduc

Le feuillage du Tetradium est caduc

Je n’ai pas trouvé beaucoup de littérature concernant la multiplication du Tetradium de Daniel. Le bouturage semble peu efficace. J’ai quand même tenté une dizaine de boutures que j’ai prélevées à la fin septembre, période à laquelle je fait beaucoup de boutures d’autres espèces végétales. Nous verrons au printemps quel sera le taux de réussite de ce bouturage. Je préfère toujours le bouturage, dans la mesure du possible, au semis, car on peut non seulement sélectionner les meilleurs plants pour leurs caractéristiques, au contraire des graines qui sont le résultat d’un croisement génétique, mais en plus on gagne quelques années dans le développement des plants.

Malgré tout, comme il semble difficile de bouturer notre Tetradium, je vais tenter le semis. A la fin de la saison, les groupes de fleurs, appelés corymbes, ayant été fécondés, produisent un grand nombre de petites graines noires et brillantes. Ces graines peuvent être facilement récoltées. Il faut impérativement les mettre au froid pendant une dizaine de jours, faute de quoi elles ne germeront pas.

Les graines sont groupées

Les graines sont groupées

Récolte des graines de Tetradium Daniellii

Récolte des graines de Tetradium Daniellii

À l’heure où les aléas climatiques perturbent les cycles de floraisons, et où la disponibilité de nourriture pour nos abeilles n’est pas toujours assurée, nous devons plus que jamais multiplier les espèces de plantes mellifères. Le Tetradium de Daniel en est une que nous devons prendre en compte.

Ivan

Ce contenu a été publié dans Plantes mellifères, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.