Nouvelles de nos abeilles et de leur environnement (18/02/2023)

Note d’Oncle Max – 18/02/2023

Avec ces quelques beaux jours ensoleillés et relativement doux, nos colonies sont au-delà des starting blocks : elles ont toutes, pour la plupart, démarré leur développement en rentrant pollen et nectar disponibles.  Heureusement qu’il y a encore des noisetiers tardifs en fleurs.

J’avoue que je ne comprends pas l’effondrement d’une de mes colonies avec encore la moitié des réserves, mais avec des abeilles mortes la tête dans les alvéoles comme si elles étaient mortes de faim. J’ai retiré la hausse (8 cadres et 2 partitions) et j’ai griffé les cellules operculées pour les mettre à disposition (à 10 m des ruches) des butineuses. J’ai remarqué que je devais passer près d’une dizaine de fois pour percer les opercules. Pourquoi ces opercules sont-ils si dures à gratter ? Oui, c’est gratter plus que griffer que j’ai dû faire. C’est peut-être là que réside le problème de cette colonie, mais je n’ai d’explications pour la dureté de ces opercules.

Pour la quinzaine, nous aurons des températures de saison et s’il ne fait pas trop pluvieux, nos butineuses les plus courageuses continueront à vaquer à leurs tâches. Nous aurons encore quelques nuits relativement froides qui bloqueront le développement du couvain. Cette météo devrait normalement permettre un bon échelonnement des floraisons car certaines de celles-ci attendent des températures plus douces pour éclore. Les bourgeons floraux des saules Marsault ont bien gonflés ces jours-ci. Apparaissent déjà les premiers petits duvets blancs annonçant l’apparition des étamines remplies de pollen.

Pour ceux qui ont un grand nombre de ruches, il est déjà prudent de prévoir les cadres de cire gaufrée pour la visite de printemps des corps et aussi pour les hausses. Mais pour tous les autres, il est temps d’avoir le matériel prêt (cire gaufrée, cadres propres, etc..). Ne pas oublier le combustible pour l’enfumoir et tout le petit matériel pour ne pas être pris de court le jour de la visite de printemps.

Deux publications récentes sur la disparition des insectes

Une information transmise par Noa Simon et Eliane Keppens

Dave Goulson: « Terre silencieuse; empêcher la disparition des insectes »

Ce livre, paru en français le 01/02/2023 aux éditions Le Rouergue et qui fait référence au manifeste de Rachel Carson ‘Le printemps silencieux’ publié en 1962, est un appel à stopper la disparition des insectes avec des propositions concrètes sur ce que nous pourrions entreprendre dès à présent, individuellement et collectivement.

Selon Dave Goulson, le facteur majeur de cette disparition est la perte des habitats au profit de l’agriculture intensive accompagnée de tous ses pesticides. Le deuxième facteur d’importance est le changement climatique et la fragmentation des habitats: dans le passé, lorsque le climat changeait, les insectes pouvaient se déplacer progressivement pour s’adapter; aujourd’hui, leurs habitats sont trop fragmentés pour que cela soit aussi simple. Préserver les insectes dans des petites îles isolées ne fonctionne pas sur le long terme, d’autant plus que des résidus de pesticides sont retrouvés même au sein des réserves naturelles.

Comment protéger la biodiversité en danger partout sur la planète ? Comment sauver notre avenir sur une planète aujourd’hui en souffrance et empêcher la sixième extinction qui pourrait nous être fatale ?

Le temps presse, mais les populations d’insectes peuvent quand même encore se reconstituer, il n’est pas trop tard et les solutions sont à notre portée. Agissons à tous les niveaux : gouvernance publique, agriculture, industrie, et dans nos propres maisons et jardins.

Apprenons à aimer et respecter ces peuples à six pattes : un monde sans insecte serait un monde invivable pour les humains que nous sommes, nous ne pouvons tout simplement pas vivre sans eux.

https://www.lerouergue.com/catalogue/terre-silencieuse

Pour en savoir +, interview de l’auteur: http://ecolovibe.eelv.fr/biodiversite-si-les-insectes-disparaissent-tout-le-reste-disparait-avec-eux-entretien-avec-le-specialiste-de-la-biodiversite-dave-goulson/

Le livre fait référence à une étude réalisée en 2017 par la Société Entomologique Krefeld dont nous vous avons déjà parlé dans 2 articles précédents:
Note d’Oncle Max du 21/10/2017
01/11/2017: Plus de 75% de déclin de la masse des insectes volants en 27 ans

L’état des papillons au Royaume Uni, rapport 2022

Ce rapport, publié en février 2023 par l’ONG britannique Butterfly Conservation, dresse un constat alarmant de la situation des papillons au Royaume Uni. Fruit d’un remarquable projet de science citoyenne, les résultats sont parfaitement extrapolables au continent Européen.

Les tendances ont été calculées pour 58 espèces de papillons de jour et nuit, résidant et se reproduisant régulièrement au Royaume Uni.

L’étude quantitative a été effectuée entre 1976 et 2019; tous les comptages n’ont pas été effectués sur exactement la même période, mais il portent tous sur le long terme, afin d’éviter les importantes variations annuelles dues à la compétition pour les ressources, aux ennemis naturels et aux évènements climatiques. Pour permettre les comparaisons, des taux moyens sur 10 ans ont également été calculés.

Sur cette période, en moyenne, les papillons ont perdu 42% de leur aire de répartition et 6% de leur abondance totale.

Il y a cependant des disparités entre les espèces: en ne considérant que les données statistiques les plus fiables, 61% des espèces ont régressé sur au moins 1 de ces mesures, alors que 32% ont progressé sur au moins 1 de ces mesures.

Les plus touchés, de loin, sont les papillons à l’habitat spécialisé: prairies fleuries, landes et clairières boisées; ces espèces ont perdu 27% en abondance et 68% en distribution. Les espèces plus généralistes, vivant dans les milieux agricoles ou urbains ont mieux résisté, même si elles ont quand même diminué de 17 % en abondance et de 8 % en distribution.

Espèces de papillons au Royaume Uni: Tendances sur 10 ans en abondance (à gauche) et en distribution (à droite)

Malgré cette image globalement sombre, de nombreux exemples montrent que les actions de conservation ciblées en faveur d’espèces menacées, visant à maintenir ou à recréer un environnement ouvert, ensoleillé, riche en fleurs et en plantes-hôtes, peuvent inverser la tendance, qu’elles soient au niveau d’un site, d’un paysage ou national.

Faisant suite à une restauration intense de l’environnement, une de ces actions a permis de réintroduire avec succès en Angleterre l’Hespérie du brome (ou Échiquier ou Hespérie échiquier ; Chequered Skipper – Carterocephalus palaemon) en provenance de Belgique car elle était plus proche génétiquement de l’espèce éteinte en Angleterre que celle survivant en Ecosse.

Cette étude est un exemple remarquable des projets de science citoyenne au Royaume Uni: 8,3 millions d’enregistrements collectés par des bénévoles ont été utilisés pour l’étude d’abondance, 14,4 millions pour l’étude de distribution !

Pour l’étude d’abondance, selon la méthode principale, les bénévoles ont parcouru un même chemin chaque semaine de beau temps du 1er avril au 30 septembre sur 1824 sites et compté chaque papillon rencontré sur une largeur de 5m.

Pour l’étude de distribution, qui suit une procédure plus flexible, les participants ont pu enregistrer les papillons rencontrés à n’importe quel stade de développement, n’importe où dans le Royaume Uni, n’importe quel jour de l’année.

https://butterfly-conservation.org/news-and-blog/the-state-of-the-uks-butterflies-2022-report-england

The State of the UK’s Butterflies 2022 (Rapport complet – PDF)

A propos Michel Fraiteur

Apiculteur amateur depuis 1977. Président de la SRAWE
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