Nouvelles de nos abeilles et de leur environnement (07/03/2020)

Note d’Oncle Max – 7/03/2020

Quel triste temps cette semaine passée ! Et en particulier ce jeudi dernier avec les premières floraisons de saules marsault détrempées.
J’avais espéré un temps plus frais pour contenir les gros châtons blancs, mais une belle éclaircie du mercredi a fait sortir les étamines jaunes qui sont dorénavant bien mouillées. Il en est de même avec les premières floraisons de prunus japonais et chinois.
Il est doucement temps de préparer les cadres avec des cires gaufrées pour la première visite sérieuse de printemps. Aussi bien des cadres de corps que de hausses. Il vaut mieux en avoir un peu plus que nécessaire car on ne sait jamais s’il n’est pas utile de remplacer l’un ou l’autre cadre supplémentaire. Néanmoins, je doute que nous puissions faire cette visite avant la fin de ce mois lorsque je regarde les prévisions à 14 jours.
Il nous faudra plusieurs jours à 15°C (ou plus) avec un temps sec (et si possible sans vent) pour pouvoir l’envisager.
Au rucher tampon, nous risquons de voir dans plusieurs colonies du couvain dans le bas de la hausse; celle-ci fut laissée comme réserve de provisions, car nous n’extrayons pas de miel de ce rucher. En effet, si les colonies continuent à se développer sans pouvoir effectuer une miellée, c’est à dire rentrer plus de nectar qu’elles n’en consomment, les ouvrières sont contraintes d’élever du couvain, à moins d’être en manque de pollen.  Très vite, dès les beaux jours, il faudra mettre quelques cadres de cire gaufrée pour occuper les cirières sinon elles pourraient être les premières à donner le signal pour aller construire des rayons ailleurs ou, autrement dit, à susciter un essaimage.  Donc, il ne faudra pas tarder à visiter les colonies dès la première semaine de beau temps.

Qu’est-ce qui provoque réellement l’essaimage ? L’identification précise n’a pas encore été établie clairement et la tendance est de penser que les éléments sont multifactoriels.  L’essaimage est souvent le résultat d’un processus naturel qui s’enclenche plusieurs semaines avant la décision des ouvrières d’élever de nouvelles reines (faire un élevage royal). Le mois d’avril est décisif pour les colonies. C’est peut-être l’occasion de relire dès à présent les pages 207 à 212 du livre d’Hubert Guerriat (« Être performant en apiculture ») afin d’avoir en tête ses réflexions au moment des visites de printemps.

La consommation de propolis réduit l’infection des abeilles mellifères par Nosema Ceranae

Une étude publiée ce 15 février 2020, des universités de Sassari et Cagliari en Italie, et de Halle-Wittenberg en Allemagne.
https://www.researchgate.net/publication/339285287 ….

Les chercheurs ont émis les hypothèses que la propolis peut réduire l’infection des abeilles individuelles par Nosema Ceranae, et que les abeilles peuvent consommer de la propolis comme une forme d’auto-médication. Pour tester ces hypothèses, ils ont évalué les effets d’un extrait de propolis dans l’éthanol administré oralement sur la longévité et la charge en spores d’ouvrières infectées expérimentalement par N.C.; ils ont également testé si les abeilles infectées sont plus attirées vers, et consomment une plus grande proportion d’un régime comprenant de la propolis, en comparaison avec des abeilles non infectées.

Les extraits de propolis et l’éthanol ont augmenté la durée de vie des abeilles infectées, mais seul l’extrait de propolis a réduit significativement la charge en spores.

En dépit de grandes différences dans leur composition chimique, des propolis de différentes localisations géographiques montrent une activité antibactérienne, antifongique et antivirale similaire. Cela suggère que les propriétés anti-Nosema des propolis étudiées sont probablement dues à une action synergique de différents composants plutôt qu’à un seul composant.

Par ailleurs, la toxicité de la propolis pour l’abeille a également été démontrée. Les auteurs émettent donc que les abeilles peuvent consommer de la propolis en quantité modérée, quand elles sont attaquées par un pathogène, comme une médication sociale plutôt qu’individuelle, lorsque les bénéfices pour la colonie sont plus importants que les coûts.

La recherche supporte donc l’hypothèse que la propolis représente un produit efficace et sûr pour contrôler Nosema Ceranae, mais les abeilles semblent ne pas l’utiliser [naturellement] comme auto-médication lorsqu’elles sont infectées par ce pathogène


Suite à cet article, j’ai contacté les auteurs par e-mail pour obtenir certaines clarifications. En effet, la littérature apicole rapporte que, dans des cavités ou des ruches naturelles fortement propolisées,  les abeilles consomment de la propolis dissoute dans l’eau de condensation à l’intérieur de la ruche, notamment en l’utilisant pour dissoudre le miel avant de le consommer.

L’auteur, Alberto Satta, pense aussi que les abeilles peuvent ingérer des composants actifs de propolis solubilisés dans l’eau ou dans d’autres ‘solvants naturels’ comme la sécrétion des glandes salivaires ou le miel, mais il rappelle qu’il n’y en a pas de preuve scientifique. De plus, les composants de la propolis auxquels on attribue le plus grand pouvoir antimicrobien sont les polyphénols qui sont surtout solubles dans des solvants apolaires (alcool), et pas dans l’eau.

Des expérimentations sont encore en cours et elles vont probablement contribuer prochainement à mieux comprendre ce sujet intéressant: à suivre

Conclusion toute personnelle: même si on ne connait pas encore complètement les modes d’action de la propolis, tout ce que l’on connait déjà confirme qu’elle est très importante pour la santé des abeilles. Mettons donc tout en œuvre pour que les abeilles puissent propoliser leur ruche, laissons leur cette propolis autant que possible, même si cela rend les manipulations plus difficiles – quitte à limiter nos interventions au minimum nécessaire …

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