Etat de la biodiversité mondiale pour l’alimentation et l’agriculture (III)

Facteurs de changement de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture

Le rapport qui, ne l’oublions pas, a une portée mondiale analyse de très nombreux facteurs de changement potentiels. Il les classe selon plusieurs critères, notamment selon les régions du monde où ils sont cités et leur influence sur la BAA: négative, positive ou neutre.

Les principaux facteurs de la perte de la BAA, cités par la plupart des pays déclarants, sont:

  • les changements dans l’utilisation et la gestion des terres et de l’eau
  • la pollution,
  • la surexploitation et la surpêche,
  • le changement climatique,
  • la croissance démographique et l’urbanisation.

La Belgique cite comme principaux risques de désastres naturels:

  • la pollution et les risques chimiques industriels,
  • le froid, le gel et les épisodes neigeux intenses,
  • les épidémies des plantes et des animaux; explications.
Des études empiriques montrent qu’une grande biodiversité est associée avec une grande diversité des pathogènes. Néanmoins, les risques d’épidémies et de maladies sont plus élevés si la  biodiversité est réduite.

Les espèces qui ont une grande diversité génétique peuvent supporter une grande diversité de pathogènes, chaque pathogène ayant une vitesse de transmission lente, causant rarement une épidémie. Au contraire, les espèces qui ont une faible diversité génétique ne peuvent supporter que moins de pathogènes, qui peuvent avoir une forte transmissibilité et causer des épidémies.

Dans le cas de la biodiversité associée, toutes les régions signalent l’altération et la perte de l’habitat comme une menace majeure, mais les autres facteurs clés varient d’une région à l’autre:

  • En Europe et en Asie Centrale: la déforestation, les changements dans l’utilisation des terres et l’intensification de l’agriculture;
  • En Afrique: la surexploitation, la chasse et le braconnage
  • En Amérique latine et dans les Caraïbes: la surexploitation, les parasites, les maladies et les espèces envahissantes ;
  • au Proche-Orient et en Afrique du Nord: la surexploitation
  • En Asie: la déforestation

Les avancées scientifiques et technologiques sont très largement vues comme des facteurs positifs qui donnent les moyens de réduire les effets négatifs des autres facteurs. Les politiques qui ont pour but de promouvoir un usage soutenable de la BAA sont également considérées comme des facteurs positifs, mais elles sont souvent implémentées trop faiblement.

Les différents facteurs de changement interagissent souvent entre eux. Par exemple les changements démographiques ou dans les marchés internationaux peuvent entrainer des changements dans la demande de produits agricoles qui eux-mêmes entrainent des changements dans l’utilisation des terres et l’exploitation de certaines ressources; ce qui peut entrainer d’autres conséquences comme l’érosion des sols, la dispersion d’espèces invasives ou la pollution des sols, de l’air ou de l’eau.

Et pour les pollinisateurs

Épinglons quelques facteurs de changement qui affectent plus particulièrement les pollinisateurs.

Les changements climatiques peuvent modifier les périodes de floraison et il peut en résulter une inadéquation entre la période de floraison et celle où les pollinisateurs sont actifs, avec des conséquences négatives pour les populations de pollinisateurs et pour les services de pollinisation (conséquences d’autant plus marquées pour les plantes et les pollinisateurs réciproquement spécialisés). D’autres anomalies saisonnières peuvent affecter les services de pollinisation comme des jours venteux ou froids au printemps. Le déplacement des zones climatiques exigera un déplacement de l’aire géographique des pollinisateurs, ce que certaines espèces ne pourront peut-être pas faire suffisamment rapidement. Le diversité des pollinisateurs jouera un rôle tampon important.

Varroa destructor est bien sûr considéré comme une espèce invasive avec un impact fortement négatif sur la BAA; par l’intermédiaire de l’abeille, ce sont plusieurs écosystèmes qui sont menacés.

Il y a une évidence croissante que certaines classes de pesticides menacent les pollinisateurs dans le monde entier, avec un effet boule-de-neige sur d’autres niveaux de la BAA, notamment les oiseaux. La destruction de la flore par les herbicides est citée, ainsi que les effets toxiques incontrôlés dus aux synergies quand plusieurs molécules sont utilisées.

A propos Michel Fraiteur

Apiculteur amateur depuis 1977. Président de la SRAWE
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