Projet de valorisation du patrimoine apicole wallon: proposition de la SRAWE

Nous pensons qu’un problème important auquel nous pouvons remédier partiellement est le manque d’abeilles, tant pour satisfaire la demande des nouveaux apiculteurs et des ruchers-écoles que celle des anciens apiculteurs qui ont perdu leurs colonies.

Ce manque d’abeilles a lui-même des conséquences négatives sur notre apiculture locale : inflation du prix des essaims, importation d’abeilles de contrées lointaines avec tous les risques de croisement entre nos abeilles locales et d’abeilles non adaptées à notre climat, ainsi que de propagation des maladies, virus et autres parasites.

Nous demandons que ces subsides soient utilisés pour mettre en place un programme local de production d’essaims destinés aux apiculteurs débutants et à ceux qui ont été sinistrés.

Pour être efficace, nos pensons qu’un tel programme doit être encadré par des règles strictes dont nous vous détaillons un projet, tel que nous l’avons conçu.

Nous proposons de subsidier des ruchers d’élevages reconnus par les fédérations apicoles avec à charge pour eux de céder des colonies sélectionnées aux apiculteurs pour un montant limité 30 à 40 euros (à discuter). Avec 60.000 € par an, on peut subsidier la production de  600 à 850 essaims par an (coût pour le budget : 70-100 EUR / essaim).

Pratiquement,

Les éleveurs :

  • les éleveurs qui veulent rentrer dans le programme (écoles, sections, fédérations ou éleveurs individuels) s’inscrivent au programme ; ils doivent signer une charte afin qu’ils n’achètent pas eux-mêmes des colonies à l’extérieur & pratiquent un élevage de qualité (critères à mettre au point – contrôle à mettre en place). Ils doivent être agréés par le programme
  • ils financent eux-mêmes l’acquisition de leur matériel d’élevage et de leurs souches d’élevage
  • pour tout essaim artificiel avec reine sélectionnée et marquée facturé 30 ou 40 euros  à un apiculteur qui en fait la demande via le programme, l’éleveur vendeur reçoit en plus 70-100 euros (montant précis à discuter) de la RW (Comité d’accompagnement).
  • Répartition des races à convenir : 70% noires, 30% Buckfast par exemple.  Aucune importation n’est autorisée pour ne pas importer des races inadaptées, des maladies, virus & autres parasites

Les apiculteurs bénéficiaires

  • Priorité(ou exclusivité : à définir) aux apiculteurs membres d’une fédération ;
  • les bénéficiaires doivent présenter des critères objectifs pour assurer la meilleure chance de survie à leurs abeilles : être inscrit à un cours ou avoir suivi un cours, être membre actif d’une société, signer une charte, accepter un parrainage sur 1 an, … (à définir ; varie selon l’expérience du bénéficiaire)
  • si elles sont acceptées dans le programme, les sprl, asbl et autres structures ‘à la mode’ parrainant des ruches et colonies passent après et paieraient  150 euros (120 euros + 30 euros de soutien à l’apiculture locale pour leur « objet sociétal »)  et seulement s’il y a des disponibilités qui subsistent.

Durée du programme : le programme devrait  être organisé pour 3 ans au moins (5 de préférence) afin que les apiculteurs-éleveurs organisent à l’avance le développement de leur cheptel et l’acquisition de leur matériel

Budget total sur 3-5 ans : 150.000 – 250.000 EUR pour une production de 1500 – 3500 essaims selon modalités

Avantages du programme :

  • bénéficie à de nombreux apiculteurs : 1500-3500 selon modalités
  • favorise le développement d’élevages de qualité, en Belgique. L’effet bénéfique peut durer au-delà de la période subsidiée
  • intervient en direct sur la problématique de la disparition des abeilles, et non sur des outils qui n’ont qu’un très lointain rapport avec lui.
  • attribution des subsides sous contrôle, tant en ce qui concerne les éleveurs que les bénéficiaires ; subsides attribués au résultat (production effective d’essaims)
  • favorise la participation des apiculteurs aux sociétés d’apiculture
  • donne un coup de frein à l’inflation du prix des essaims
  • réduit l’importation d’abeilles & parasites associés

Nous croyons qu’une telle politique est de nature à freiner la disparition des abeilles en Wallonie.

Cependant, nous tenons ici à rappeler qu’elle ne s’attaque pas aux racines du mal mais seulement à ses symptômes. Nous demandons au comité d’accompagnement qu’il ne néglige aucun effort pour rappeler sans cesse  que les causes fondamentales de la disparition des abeilles sont la dégradation de notre environnement, et en particulier l’utilisation massive de pesticides dont les effets toxiques sont mal évalués, la baisse de la biodiversité florale, les conséquences négatives de la politique agricole commune.

A propos Michel Fraiteur

Apiculteur amateur depuis 1977. Président de la SRAWE
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