La pollution de l’air rend plus difficile la recherche de plantes aux pollinisateurs
Une info transmise par notre collègue apiculteur Guy de Halleux
Une étude publiée récemment par James M.W Ryalls et des collègues de l’université de Reading, en Grande-Bretagne, montre que la pollution de l’air par des gaz émis par les moteurs diesel, oxydes d’azote et ozone, réduit significativement la capacité des insectes butineurs à découvrir les fleurs à butiner grâce à leur odorat.
Il s’agissait d’expériences en plein champ. Les chercheurs ont établi 8 enceintes octogonales dans lesquelles ils ont cultivé de la moutarde noire au milieu d’un champ de blé. Ils ont également construit un système qui générait des oxydes d’azote et de l’ozone, une pollution proche de celle des moteurs diesel, et ont pompé ces gaz par des tuyaux jusqu’à 6 de ces enceintes, les 2 dernières servant de contrôle. Ils ont ensuite compté les insectes venant butiner dans ces enceintes.
Le résultat était sévère: des niveaux de pollution à des concentrations moyennes proches de celles que l’on peut mesurer le long des routes principales menaient à une réduction du nombre d’insectes butineurs de 62-70%, et du nombre de fleurs visitées de 83-90% par rapport aux parcelles de contrôle.
On peut en tirer plusieurs conclusions:
- La pollution de l’air par les gaz d’échappement est probablement un facteur assez important mais sous-estimé qui contribue au déclin des pollinisateurs
- Cette pollution a évidemment aussi un impact négatif sur la capacité de multiplication des plantes impactées.
L’aspect positif de cette découverte c’est que la réduction de l’usage des combustibles fossiles, indispensable pour ralentir de réchauffement climatique, devrait avoir aussi un impact positif sur les butineurs.
NB: personnellement, j’y vois également un autre aspect positif: si les butineurs ne sont pas attirés par des fleurs polluées, cela leur évite d’être empoisonnés par ces polluants et de contaminer leur couvain.
Au-delà de cette expérience, il faudrait également savoir quelle est en réalité la superficie réellement impactée par cette pollution et soustraite de facto aux activités de butinage: quelle largeur de part et d’autre d’une autoroute, d’une route nationale, d’une route de village, autour d’un zoning industriel, …
Pour en savoir +:
https://reporterre.net/Les-pollinisateurs-perdent-l-odorat-a-cause-de
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0269749122000616?via%3Dihub
Floraisons hivernales: Sarcococca humilis
Les floraisons hivernales ou très précoces au printemps sont particulièrement importantes pour nos abeilles; tout apiculteur qui dispose fût-ce d’un tout petit jardin devrait les favoriser car elles permettent aux abeilles de butiner tout en réduisant les risques liés à de longs trajets en cette période de météo capricieuse.
Les Sarcococca sont des arbustes d’origine asiatique qui font partie de la famille des Buis: les Buxacées; ils sont originaires d’Inde, de Chine et d’Asie du Sud-Est. Il ont un feuillage persistant.
Sarcococca humilis (syn. S. hookeriana humilis) est un petit arbuste à croissance lente qui, avec les années, peut atteindre 60 cm de haut pour 1m de diamètre. Il fleurit en hiver, en janvier-février, selon le temps; ses fleurs sont blanches, teintées de rose. Par beau temps (comme mercredi cette semaine), elles exhalent un parfum entêtant et attirent les abeilles.
Sarcococca humilis s’étend progressivement en drageonnant, sans jamais devenir envahissant; on peut facilement en diviser une touffe en automne pour obtenir de nouveaux sujets. Il apprécie un sol frais, humifère bien drainé, mais supporte facilement une certaine sécheresse, grâce à ses feuilles coriaces. Il est parfaitement résistant sous notre climat; il accepte une exposition ombragée ou semi-ombragée; cependant, les fleurs seront plus attractives si elles sont exposées au soleil: une plantation entre des arbres ou arbustes à feuillage caduque est donc parfaitement adaptée, à condition de le débarrasser des feuilles mortes de ses voisins en automne.
Voici donc un arbuste de culture très facile, qui trouvera une place dans tous les jardins d’apiculteurs, et même en pot sur la terrasse ou le balcon !
Pour en savoir +:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sarcococca_hookeriana
Note d’Oncle Max – 12/02/2022
Les cornus mas sont déjà en fleurs depuis dimanche dernier et les boutons floraux des berberis julianae sont presque ouverts; les fleurs des saules marsault risquent de s’épanouir d’ici la fin du mois. Ces premières floraisons sont le coup d’envoi pour le démarrage des colonies afin qu’elles soient prêtes pour les miellées sur les saules cendrés et sur les fruitiers. Mais il fait encore trop froid ou trop pluvieux et nos butineuses ne peuvent réellement en profiter pour ramener du pollen frais et du nectar frais.
Je me réf!ère au cornus mas comme repère floral pour le démarrage du couvain. Normalement le cornus mas fleurit tout début mars. Il a pris 3 semaines d’avance. Pour compenser ces floraisons « perdues », j’ai décidé de donner à chacune de mes colonies 450gr de candi protéiné à partir du 10 février au lieu de mi- ou fin février.
Même si on nous annonce une petite gelée nocturne pour la nuit de vendredi à samedi, je ne compte pas mettre les plateaux sous les planchers grillagés. En effet, je pense que pour une seule petite gelée nocturne, il n’est pas conseillé de perturber la ventilation actuelle des colonies. Si nous avons plusieurs jours de gelée nocturne avec des températures de -5°C , voire plus basses encore, alors j’irais mettre les plateaux sous les planchers grillagés, tout en laissant une ouverture suffisante pour la circulation de l’air.
Berberis Julianae